Histoire de la préfecture

Mis à jour le 02/07/2021

Vannes, cité des venètes est l'une des plus anciennes villes de l'Europe. On peut lui appliquer la formule "que son origine se perd dans la nuit des temps". Vannes a derrière elle une longue expérience de ville administrative. C’est à l’intérieur des remparts gallo-romains que l’on peut situer la ville de garnison maure vénète créée au IIIe siècle à l’initiative d’un praefectus romain.

Vannes, cité des venètes est l'une des plus anciennes villes de l'Europe. On peut lui appliquer la formule "que son origine se perd dans la nuit des temps". Vannes a derrière elle une longue expérience de ville administrative. C’est à l’intérieur des remparts gallo-romains que l’on peut situer la ville de garnison maure vénète créée au IIIe siècle à l’initiative d’un praefectus romain. Elle a pour mission de protéger la région des pirates barbaresques venus de la mer, et des bagaudes, révoltes gauloises contre le pouvoir romain déclinant.

La plus ancienne résidence du pouvoir

Appuyée à la tour Notre-Dame, fut construite, au IXe ou Xe siècle, une demeure fortifiée qui abrita d’abord les comtes de Vannes, puis les ducs de Bretagne : Waroch,  Nominoé, Erispoé , Paskweten, Geoffroy 1er, pierre de Dreux, Jean 1er.

Ce dernier, qui préférait Suscinio, céda la Motte à l'évêque de vannes et prit le nom de manoir épiscopal de la Motte. En 1288, il reconstruisit l'édifice, vraisemblablement endommagé par le tremblement de terre qui toucha la ville l'année précédente. Les évêques de vannes demeureront désormais dans le "manoir épiscopal" adossé aux murailles nord de la ville.

L'évènement le plus important qui s'y soit passé

Sous la présence de François 1er roi de France, c'est dans la grande salle du manoir épiscopal où fut délibéré en 1532 en la congrégation et assemblée des Etats, la requête par laquelle fut demandée la réunion de la Bretagne à la France. L'évêque Charles de Rosmadec reconstruit le manoir en 1654 et Monseigneur François d'Argouges y reçoit en 1689 le duc de Chaulnes et Mme de Sévigné qui y dîna fort bien. Peu de temps après, éclata la révolte du Papier Timbré et le Parlement  s'exila à Vannes.

 

 

Plan de la ville de Vannes au Moyen Âge

 

 

Aujourd'hui détruit, il occupait le point le plus élevé de l'enceinte.

Le dernier évêque Sébastien-Michel Amelot qui y logea abandonna la Motte en 1791, par suite de son refus de serment à la constitution civile du clergé.

Neuf ans plus tard, s'y installa la préfecture du morbihan jusqu'en 1866, date à laquelle le Manoir fut vendu. Il fut détruit lors de la percée de la rue Billaut à travers les remparts et l'ancien parc de la Motte sur les encouragements lyriques du préfet. L'hôtel de France, dernier vestige du château de la Motte a été abattu en 1912. Aujourd'hui, il n'en reste plus rien sinon, dans cette rue le nom donné à l'impasse du château de la Motte.

Après la Révolution, Vannes fut choisie comme chef-lieu du Morbihan et c’est dans ce bâtiment que s'installa, en 1793, le directoire du département, auquel succéda, en mars 1800, le premier préfet du Morbihan, Pierre, Marc, Henri Giraud Duplessis. Il arrive de Nantes le 5 avril 1800. Avocat patriote, il avait été élu aux Etats Généraux et devient maire de sa ville Nantes jusqu'aux épurations imposées par Carrié ; Thermidor le sort de prison, le Directoire en fait un député aux Anciens.

En 1800, le nouveau régime, tout en pourchassant les chouans, dont Guillemot, qui avaient refusé d'imiter Cadoudal, met en place les nouvelles structures administratives et judiciaires et le personnel qu'elles nécessitent. Vannes devient donc siège d'une préfecture et chef-lieu d'un arrondissement constitué par la fusion de son ancien district avec ceux de Rochefort en Terre et de la Roche Bernard, à la tête duquel est nommé un sous-préfet. Giraud Duplessis quitte vannes le 10 avril 1802 et son successeur n'arrive que le 30 septembre après un intérim assuré par le Conseiller de préfecture Guillo-Dubodan. Les préfets y résideront pendant 60 ans. 

Le 11 janvier 1860, le préfet Charles Poriquet fut réveillé par un bruit effroyable : un mur de soutènement de l’hôtel de la préfecture venait de s'effondrer sur les écuries de la poste, situées en contrebas dans la cour de l'hôtel du Commerce. Deux postillons furent trouvés morts sous les décombres. A l'annonce de la catastrophe, le ministère de l’intérieur dépêcha M. Duc, architecte membre du conseil des bâtiments civils, qui conclut à l'impossibilité d'une réparation. L’édifice fut rapidement ceinturé de fer pour éviter son total effondrement. Il sera ensuite rasé, ce qui permettra de percer une nouvelle voie en direction de la gare : la rue Billault.

C'est au préfet Poriquet que l'on doit en 1860 l'amorce d'un projet de rénovation de toute la ville. A l'occasion du transfert de la préfecture de l'ancien palais épiscopal de la Motte vers les jardins de l'ancien couvent des Dominicains, Poriquet exhorte la ville de Vannes à entreprendre une oeuvre de grande envergure. Sa lettre circulaire du 22 septembre 1860 ébranle les conceptions urbaines des élus locaux, lorsqu'elle leur est lue à la séance du conseil municipal du 1er octobre.

Réuni en séance extraordinaire, le 20 février 1860, le conseil général  désigna une commission qui, après enquête approfondie, se prononça pour l'édification, hors des remparts, d'une nouvelle préfecture. Parmi les divers emplacements proposés, la préférence fut donnée au faubourg Saint-Patern, où de vastes jardins entouraient l'ancien couvent des Dominicains, affecté à la gendarmerie impériale depuis 1793, puis laissé vacant. 

La préfecture change de lieu

Un décret du 18 juillet 1861 déclara d'utilité publique la construction de la préfecture. M. Amé, architecte départemental, avait soumis ses plans à M. Duc, dès 1860 : le bâtiment sera de style Louis XIII. L'adjudication du 4 août 1862 donna la préférence à un entrepreneur de Redon, Jean-Marie Normand. Après destruction des immeubles anciens, la première pierre fut posée le 2 février 1863, par Julien Lefebvre, préfet du Morbihan. En 1864, les frontons de la cour d'honneur et de la façade sud furent exécutés par le sculpteur Le Merle, de Saint-Nazaire ; deux ans après, fut posée la rampe en fer de l'escalier principal, forgée par Albert Lefebvre, de Versailles.
 
Enfin, le 23 août 1865, le préfet Olivier Reneufve donna un bal pour l'inauguration de ses nouveaux appartements et, peu après, les bureaux s'installèrent dans leurs locaux.

La préfecture au XXe siècle située place du général de Gaulle (architecture du XIXe siecle, style néo-Renaissance ressemblant au palais du Luxembourg, siège du Sénat ; visitez le site du Sénat )

Elevée à la fin du second empire, sur l'emplacement du couvent des dominicains, elle aurait été destinée à devenir la résidence d'été du prince impérial, fils de napoléon III. C'est en effet un vaste palais de granit conçu dans le style du XVIIe siècle et bénéficiant d'un parc étendu. La grande grille de la cour principale provient du choeur de la cathédrale (XVIIIème siècle).

La façade principale, large de trente mètres, comporte un étage surmonté de combles mansardés à lucarnes de pierre. On notera sur le fronton du bâtiment les armoiries impériales -l'aigle impériale très discrète- soutenues par deux personnages qui sont Nominoé et Alain Barbe Torte, héros de l'indépendance bretonne. Un oeil-de-boeuf éclaire la coupole qui surmonte ce pavillon central. Le fronton de la façade situé côté parc est composé de symboles aquatiques : au centre, une coquille de bénitier contenant une étoile de mer encadrée  par des roseaux pressés de chaque côté par des dauphins  représentés  sous  une  forme  allégorique, et des nénuphars.  
 
Deux ailes, un peu moins hautes que la partie centrale, encadrent la cour d'honneur profonde de trente et un mètres. Un passage voûté, aménagé sous le pavillon de gauche, conduit aux dépendances de service.
 
La distribution primitive des locaux est encore respectée : les bureaux sont installés dans les ailes ; le rez-de-chaussée du bâtiment central est réservé aux pièces de réception. De la grande porte d’honneur, on accède à un large vestibule, sur lequel s'ouvre à droite la salle Roth (ancienne salle des délibérations du conseil), tandis qu'à gauche, prend naissance l'escalier en fer forgé à double volte qui monte aux appartements privés du préfet. Un couloir transversal, aboutissant à un grand jardin d’hiver, longe les salons et une salle de billard, dont les fenêtres s'ouvrent sur le parc. 

  Hall d'entrée

 Salon bleu
 

Cet ensemble harmonieux est complété, le long de la rue Alain Le Grand, d’un bâtiment en granit. construit entre 1912 et 1922, pour abriter les archives départementales. L'architecte était M. Charier, alors architecte départemental, et le maçon Francis Huchet. Une vue inhabituelle, l'arrière de la préfecture considérée comme l'une des plus belles de France, du moins à l'époque de la construction. La préfecture est un beau monument en granit, de style classique, édifié par ordre de Napoléon III. On aperçoit, en faisant le tour des remparts, son jardin fleuri et son parc aux belles frondaisons.

 

Le parc 
 
Le parc est traversé par un cours d'eau qui est le résultat du rassemblement de trois rivières : Le Bilaire, le Beaupré et le Verger. Le Bilaire prend sa source dans le Liziec, à Saint Nolff, se perd un moment dans l'Étang au Duc (né d'une ancienne carrière désaffectée dont fut extraite la pierre qui permit de construire les bâtiments d'époque gallo-romaine et d'autres édifices de la ville de Darioritum) et surgit ensuite sous l'immeuble du conseil général, où il est rejoint par le Beaupré qui vient de la route de Nantes, et par le ruisseau du Verger. 

         
 
La rivière ainsi formée, bordée de frênes d'érables, de tilleuls, de chênes, de platanes, se partage en deux bras qui enserrent une petite île à laquelle on accède par un pont de bois, que masque une haie de bambous entourée par un cèdre du Liban et un vieux hêtre. La façade de la préfecture baigne dans la verdure d'un gazon dru, ponctuée d'un prunus rouge sombre et de massifs colorés dont un central, représente  une hermine stylisée, dominé par un séquoia centenaire.
 
A mi-pente de la colline qui précède les jardins de la Garenne, règnent les fruitiers sauvages, mêlés aux châtaigniers, aux cytises, et aux arbres de Judée. Au sommet, domine la silhouette rectiligne d’un chêne, qui, selon la tradition, pourrait avoir 250 ans d’âge.
 
On accède, par un petit chemin aux jardins à la française  dessinés au début des années cinquante par M. Vinet, jardinier de la ville, à la demande du maire, Francis Decker. Ces jardins sont bordés par le Rohan, dont le cours est souterrain lors de sa traversée de la ville, et résurgent à cet endroit.

Liste des préfets de 1800 à nos jours

Sources
Bulletin des amis de Vannes
Le vieux vannes de P. Thomas-Lacroix
Les origines historiques de la ville de Vannes d'Alfred Lallemand
Vannes au Moyen âge - bulletin de la société polymathique